Pour ces hommes qui n’aiment pas les femmes

Je cherchais des textes sur Lacan, le psychanalyste. Etant plutôt du côté de Jung, Lacan n’est pas mon premier choix, mais hélas, un certain élève de moi est lui-même un grand psychanalyste et un Lacanien dévoué. Alors j’ai commencé mes recherches, et voici la phrase qui m’a frappée : “Il faut aimer les femmes.” Oui, le 8 mars, précisément le 8 mars 2025, cette phrase se voulait être entendue. Ce 8 mars, elle veut être lue à haute voix, elle réclame une certaine réflexion. Et voilà que, encore une fois, cela tombe sur moi : il faut que j’en parle. Pourquoi, il y a quelques décennies, un psychanalyste a-t-il jugé nécessaire de rappeler aux gens, aux hommes en particulier, qu’il faut aimer les femmes ? Qui sont ces hommes qui n’aiment pas les femmes ? Et surtout, pourquoi ? Je pense à toutes les horreurs que j’ai lues sur les massacres en RDC, grâce au travail du Dr. Denis Mukwege. Je pense à tous ces procès, à huis clos ou non, qui ont révélé les visages des hommes qui ont violenté des femmes : des jeunes, des moins jeunes, peu importe le profil, peu importe l’individu, mais toujours une femme. Et c’est là que je me suis dit, une fois de plus : si, au lieu de consacrer une journée mondiale à la cause des femmes, nous avions une journée dédiée au sort de ces hommes qui n’ont jamais appris à aimer les femmes ? Si, au lieu d’envoyer des fleurs aux femmes, de saluer leur courage, de trouver des remèdes pour atténuer, le peu que l’on peut, la souffrance et le malheur faits aux femmes… si au lieu de tous ces gestes, nous mettions en lumière les causes qui ont poussé certains hommes à commettre l’impensable ? Si, au lieu de poser un pansement sur les plaies, nous cherchions les racines de ces traumas, pour les détruire, les éradiquer, et qu’enfin, plus jamais un homme ne reproduise ce genre de blessure ? Des blessures individuelles, des plaies collectives, dont les séquelles se transmettent d’une génération à l’autre, un virus qui ne cesse de se propager. Non, plus besoin d’une journée dans le calendrier, ni même de fleurs envoyées aux victimes, ni de paroles qui s’évaporent dès qu’on les prononce. Il faut éduquer nos enfants, nos fils. Il faut prendre le temps d’aider, de soigner, les hommes qui ne savent que faire du mal aux femmes pour exprimer leurs malheurs et leurs souffrances au quotidien. Il nous faudra désormais un jour, un mois, une vie, pour aider ces hommes à apprendre, et réapprendre, à aimer les femmes.